Avec 1,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le secteur du portage salarial continue à être un marché en expansion, caractérisé par une croissance forte et dont les perspectives d’avenir sont nombreuses. Si la crise sanitaire et l’arrêt de l’activité économique a impacté le secteur du portage, pour autant, cette crise n’essouffle pas une évolution structurelle positive et la reprise de l’activité s’annonce prometteuse.

 

Un marché fragilisé par la crise sanitaire …

La crise sanitaire qui a touché l’ensemble de l’économie en 2020 n’épargnera pas le domaine du portage salarial. Ainsi, selon les prévisions, le chiffre d’affaires total du secteur devrait être en recul de 15% cette année, retombant légèrement en dessous de celui de 2018 : autour de 1 milliard d’euros. La crise a en effet entrainé le gel des missions pour de nombreux portés.

Pour autant, la crise sanitaire est davantage une crise ponctuelle pour le secteur, ne remettant pas en cause une évolution structurelle forte et, à la fin de l’été 2020, de nombreux candidats entraient dans le domaine du portage, en raison notamment de la sécurité de l’emploi garanti par ce statut. Touchant différemment tous les secteurs d’activité, l’impact de la Covid sur le domaine du portage est fortement hétérogène. Ainsi, les entreprises de portage salarial implantées dans le secteur du numérique par exemple, ont été peu impactées par la mise sous cloche de l’activité économique.

 

Mais qui n’impacte pas une croissance positive de long terme…

Le nombre d’Entreprise de Portage Salarial, EPS, a considérablement augmenté ces dernières années, et représente aujourd’hui près de 600 structures. Néanmoins, cette augmentation semble se stabiliser autour d’une vingtaine de nouveaux acteurs qui entrent sur le marché chaque année. Ainsi, environ 10% des EPS ont moins de 10 ans d’existence ce qui fait du portage un marché en croissance, mais où la concurrence entre structures est forte : seulement 14% des portés cumulent plus de 5 ans d’ancienneté dans la même EPS. Toutefois, près des trois quarts des portés sont salariés d’une société de plus de 250 salariés.  La crise qui frappe l’activité économique devrait renforcer le poids de ces grands groupes du portage qui, plus résistants, devraient mieux s’en sortir face à une crise sans précédent, comparés à de plus petites structures qui ne seront pas parvenues à absorber le choc.

Le chiffre d’affaires moyen d’une Entreprise de Portage Salarial s’élève à 1 883 920 euros selon la Feps. Pour autant, ce chiffre doit être relativisé : plus de la moitié des entreprises de portage ne publient pas leurs comptes. De plus, si le chiffre d’affaires d’une EPS est élevé, près de 80% de celui-ci est consacré aux frais de personnel, ce qui en fait donc le poste de dépense le plus important. Ces frais se sont même accrus ces dernières années alors que les commissions se sont réduites. En fait, de nombreuses EPS ont mis en place des activités annexes leur permettant de dégager des ressources financières supplémentaires : formation à destination des portés, location de locaux, support marketing et communication…

Avec un salaire moyen s’élevant à 2517 euros en 2020, 70% des près de 100 000 salariés comptabilisés à ce jour sont des cadres ou assimilés. La majorité des contrats de travail en portage (57% des contrats) sont des contrats à durée indéterminée. Les salariés portés sont en grande majorité des hommes, de plus de 40 ans, et faisant partie des catégories socio-professionnelles supérieures : 73% des portés en CSP+. Cela s’explique notamment du fait de la législation actuelle qui contraint l’accès au dispositif du portage à un nombre restreint de profils. Notons toutefois que, du fait de l’augmentation du nombre de détenteurs d’un Bac+2, qui représentaient 31% des travailleurs en France en 2019, un nombre croissant de personnes deviennent éligibles au portage salarial.

La région Île-de-France reste le lieu de résidence majoritaire des portés : 40% d’entre eux y résident, et représente un chiffre d’affaires de 623 millions d’euros d’après la Feps. Les régions Auvergne Rhône Alpes (11%) et Occitanie (8%) arrivent quant à elles en deuxième et troisième position dans le classement des régions où le portage y est le plus implanté.

 

… et dont les perspectives d’avenir sont nombreuses.  

Bien qu’impacté par la crise sanitaire, le marché du portage reste donc un secteur d’avenir. Avec un chiffre d’affaires qui atteint 1,3 milliards d’euros en 2019, le marché du portage salarial est un marché en forte expansion, avec un taux de croissance annuel moyen autour de 20%, soit une croissance de plus de 300% depuis 2013. Si le marché ne représentait que 400 millions d’euros en 2013, une plus grande connaissance du dispositif auprès du public, le développement du travail indépendant, l’augmentation du nombre d’entreprises de portage salarial et l’enrichissement de leurs offres ont permis au secteur de croitre rapidement.

La dégradation du marché du travail et la hausse du chômage devraient, par ailleurs, bénéficier au domaine du portage. En effet, avec un taux d’inactivité atteignant 9% de la population active au troisième semestre 2020, ce sont près de 715 000 emplois qui ont été détruits sur les six premiers mois de l’année 2020. Face à une situation économique dégradée, les entreprises cherchent à s’adapter, en recourant à des formes d’emplois plus courts : CDD, intérim, … ou en privilégiant l’externalisation de leurs travailleurs. Le portage salarial représente donc une opportunité intéressante et la situation sur le marché du travail est donc déterminante pour permettre au secteur du portage de se développer davantage.

Pour de nombreux salariés, la période de confinement a renforcé chez beaucoup une volonté croissante pour plus d’autonomie dans leur activité professionnelle, ce qui bénéficiera au domaine du portage, d’autant plus que la période d’inactivité a révélé la fragilité du statut des indépendants, bénéficiant d’une couverture sociale faible. Chaque année, la part des non-salariés dans l’emploi progresse de 1% en moyenne depuis 2004, et ils représentaient ainsi plus de 12% de l’emploi l’année dernière. Sur la simple année 2019, l’emploi indépendant a bondi de 4,6%, soit 145 000 indépendants de plus. Pour autant, ce statut continue de faire peur et celui de salarié porté représente une véritable alternative, alliant liberté et sécurité.

Le portage salarial apparaît des lors comme une solution adaptée face à ces demandes. Ce dispositif pourrait même, à l’avenir, s’étendre à davantage de personnes. Par nature, le secteur du portage n’a pas pour vocation à être restreint à une forme d’emploi particulière, mais, au contraire, à l’ensemble des professions. De simples adaptations législatives permettraient ainsi à un nombre important de candidats supplémentaires de recourir à cet outil. De plus, le secteur est actuellement sous-développé et les disparités sont fortes entre la province et la capitale. La corrélation entre distribution régionale du PIB national et l’activité de portage salarial met en lumière la sous-représentation du portage. Ce phénomène de sous-développement représente pourtant un potentiel non négligeable avec près de 445 millions d’euros supplémentaires pour la simple région Île-de-France (soit un marché qui pourrait, en vérité, générer un chiffre d’affaires de près de 1,77 milliards d’euros pour la simple région). Les régions Grand-Est et Auvergne-Rhône-Alpes sont également prometteuses pour le potentiel de développement dont elles font preuve. Le portage salarial pourrait ainsi s’imposer comme la solution face à la demande croissante de liberté supplémentaire dans la vie professionnelle, tout en assurant la sécurité financière et sociale garantie par le statut de salarié.

 

Si légèrement fragilisé en 2020, le marché du portage salarial devrait continuer sur sa lancée. Dans un avenir proche, le secteur pourrait ainsi générer un chiffre d’affaires en hausse de 16% en 2022 par rapport à 2019 selon les prévisions. Il pourrait même atteindre jusqu’à 3,5 milliards d’euros à l’horizon 2030 selon la FEPS et près de 8,1 milliards si des adaptations législatives sont mises en place pour abaisser les barrières trop contraignantes pour le dispositif aujourd’hui. C’est donc une reprise vigoureuse qui s’annonce pour le secteur.

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