Pour des raisons de théorie économique, la FEPS postule que le sous-développement relatif du portage salarial dans certaines régions ne peut être imputé au manque d’offre d’entreprises de portage salarial, mais à une combinaison de deux éléments principaux :

  • Le manque de visibilité et de clarté du dispositif auprès du grand public, que ce soit concernant son existence même ou plus particulièrement sur les métiers éligibles.
  • Le cadre légal actuel du portage salarial, trop concentré sur les populations cadres et les métiers du conseil interentreprises.

En considérant que d’une part, les activités actuellement réalisées par les travailleurs indépendants pourraient l’être en portage salarial et que, d’autre part, la répartition des travailleurs indépendants dans les régions correspond à la répartition possible des nouveaux métiers du portage salarial, plusieurs observations peuvent être faites.

L’alignement du salaire minimum du portage salarial sur le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) ouvrira le dispositif à l’ensemble de la population active, dont 60% est aujourd’hui écartée.

L’ouverture du portage salarial aux services aux particuliers permettra notamment de répondre aux enjeux d’égalité des territoires, où ces services présentent un potentiel de croissance important, compte-tenu notamment du vieillissement de la population dans ces zones.

 

L’ouverture du dispositif à l’ensemble des niveaux de diplômes permettra également d’ouvrir ce dispositif à la majorité des entrepreneurs, qui bénéficieront proportionnellement à ce qu’ils apporteront aux organismes collecteurs du régime général.

La FEPS estime que le marché potentiel du portage salarial élargi (avec évolutions mineures et majeures), à date, serait supérieur de 98%, en volume d’heures travaillées, à ce qu’il est aujourd’hui. En termes économiques, cela correspondrait à une hausse de 73% du chiffre d’affaires actuel du portage salarial. Sur le plan des emplois, cette ouverture représente un potentiel total de près de 157 000 emplois salariés en portage (hausse de 83%), sur une base d’environ 95,5 millions d’heures travaillées dans notre pays (soit 59 630 emplois en équivalent-temps-plein). La croissance de ces nouvelles activités en portage salarial serait très attractive, et estimée en moyenne entre 13% et 18% par an jusqu’en 2030, d’autant plus qu’elle sera accompagnée d’innovations majeures dans les entreprises de portage salarial, notamment en ce qui concerne les systèmes et processus de facturation des clients. Enfin, cette ouverture favoriserait l’ancrage de métiers aujourd’hui réalisés à temps plein sous des statuts indépendants.

Sur une base prospective, l’ouverture du dispositif du portage salarial simultanément à l’ensemble des niveaux de diplômes et de salaires de la population active ainsi qu’aux activités de services aux particuliers en forte croissance sur l’ensemble du territoire permettra au marché du portage salarial d’atteindre la barre des 10 milliards d’euros à horizon 2027 et près de 17 milliards d’euros à horizon 2030, soit le double de la perspective ouverte sans évolutions législatives majeures.

Notons que dans ces calculs, la part des emplois en portage salarial non-accessibles actuellement du fait de la législation en vigueur devrait devenir majoritaire à horizon 2028.

Du côté des emplois, les évolutions législatives majeures apportées au portage salarial devraient permettre au marché de dépasser la barre des 500 000 emplois en 2025. Ce dernier devrait même approcher les 1 250 000 emplois en 2030, dont 30% présenteront des taux d’occupation situés entre 75% et 100%.

Lorsque l’on distribue les potentiels de croissance en fonction des régions françaises, plusieurs observations peuvent être faites. En effet, la région Île-de-France devrait être fortement stimulée par l’ouverture du portage salarial aux services aux particuliers et à une large palette de métiers ouverts aux indépendants, ainsi que par l’abaissement du seuil de rémunération des salariés portés. Le marché pourrait y dépasser le milliard d’euros dès 2022.

Ensuite, trois catégories de régions se distinguent. D’abord, la région Auvergne-Rhône-Alpes s’affirme comme le deuxième pôle de développement potentiel du portage salarial. Le marché du portage salarial pourrait y dépasser 1 milliard d’euros en 2026, et 2 milliards d’euros en 2030.

Les régions Hauts-de-France, Grand-Est, PACA, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie forment quant à elle un groupe de régions à potentiel de croissance moyen.

Enfin, les régions Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Normandie et Pays-de-la-Loire forment un groupe de régions au potentiel de croissance le plus faible, en volume.

Ces projections et trajectoires seront corrigées chaque année par la FEPS, en fonction notamment de l’évolution des législations sur le travail indépendant en général et les nouvelles formes d’emploi en particulier, ainsi qu’au moyen des données techniques et économiques de référence telles que le niveau de réindustrialisation, le développement des services et de la nouvelle économie, les nouveaux métiers et les éventuelles crises macro-économiques.

 

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